L’Afrique à l’Aube d’une Révolution Énergétique : Demande, Raffinage et Opportunités d’Ici 2050
Par NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie.
L’Afrique vit un moment stratégique dans l’évolution énergétique mondiale. Doté de vastes ressources en combustibles fossiles, le continent a aujourd’hui l’opportunité d’en tirer pleinement parti pour soutenir un développement équitable et durable. Le rapport « The State of African Energy – 2026 Outlook » met en lumière les tendances majeures qui façonneront la demande énergétique et les investissements nécessaires dans les décennies à venir.
Une demande en produits raffinés en forte accélération
D’ici 2050, la demande africaine en produits pétroliers raffinés devrait passer de 4 à plus de 6 millions de barils par jour, portée par :
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une croissance démographique rapide,
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l’urbanisation,
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la montée du PIB,
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et une industrialisation progressive.
Contrairement à l’Europe ou l’Amérique du Nord, qui se tournent vers des alternatives vertes, l’Afrique continue d’avoir un besoin vital en pétrole pour soutenir son développement économique.
Pourquoi la trajectoire énergétique africaine est unique
Une population en pleine expansion
Le continent pourrait atteindre 2,4 milliards d’habitants en 2050, soit un quart de la population mondiale.
Un PIB en forte croissance
Le PIB africain pourrait quasiment tripler, atteignant environ 7 800 milliards de dollars en 2050.
Un potentiel largement inexploité
Bien que l’Afrique représente 18 % de la population mondiale, elle ne consomme que 5 % des produits pétroliers mondiaux.
Cette disparité montre l’immense marge de progression.
Essence : l’Afrique deviendra le moteur de la demande mondiale
Selon le rapport :
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La consommation d’essence dépassera 2,2 millions de barils/jour en 2050.
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Le Nigeria restera leader, mais sa consommation par habitant reste encore faible.
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Les marchés comme l’Algérie, l’Égypte, le Maroc ou l’Afrique du Sud verront leur demande se stabiliser au début des années 2040 grâce :
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à de meilleurs rendements énergétiques,
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au développement du GNC et du GPL,
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et à l’adoption progressive des véhicules électriques.
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Cependant, la transition vers l’électrique restera lente à cause du manque d’infrastructures de recharge et d’un accès à l’électricité encore limité.
Diesel : un carburant clé pour l’industrie et les mines africaines
La demande en diesel/gazole pourrait augmenter de 50 %, atteignant 2,7 millions de barils/jour en 2050.
Les moteurs de cette croissance sont :
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l’expansion des industries minières (lithium, cobalt, nickel),
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le développement du corridor de Lobito en RDC et Zambie,
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l’augmentation du transport routier liée à la croissance du PIB.
Aviation : une forte reprise dopée par la croissance urbaine
Le kérosène et le carburant aviation devraient atteindre 465 000 barils/jour en 2050, soit une hausse de 65 %.
Cette croissance sera stimulée par :
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le tourisme,
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les voyages d’affaires,
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la ZLECA,
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et de grands projets comme le nouvel aéroport d’Addis-Abeba.
GPL : le carburant propre qui peut transformer l’Afrique
Plus de 900 millions d’Africains cuisinent encore avec du bois, du charbon ou du pétrole lampant.
Le passage au GPL permettrait :
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une réduction de 98 % des particules nocives,
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de sauver 1,2 million d’hectares de forêt par an,
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de réduire les émissions de 279 millions de tonnes de CO2.
Pourtant, son adoption reste faible, faute de politiques adaptées, de financements et d’un réseau de distribution suffisant.
Un potentiel immense freiné par les infrastructures
Entre 20 et 30 milliards de dollars d’investissements en infrastructures en aval seront nécessaires d’ici 2050.
Les grandes raffineries comme Dangote répondent en partie au besoin, mais ne suffisent pas à combler le déficit global.
Le chemin vers un avenir énergétique africain prospère
Pour répondre aux besoins de 2,4 milliards d’Africains, les priorités sont claires :
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renforcer le raffinage local,
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moderniser les réseaux logistiques,
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améliorer les échanges commerciaux,
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accélérer l’adoption du GPL,
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investir dans les infrastructures énergétiques,
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attirer les capitaux internationaux.
Avec des décisions stratégiques, l’Afrique peut devenir un pilier majeur de l’énergie mondiale d’ici 2050.












