Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Sidi Ould Tah, a salué le choix de son institution comme partenaire stratégique dans le cadre du réengagement de l’Algérie avec le financement extérieur. Lors de sa visite officielle les 16 et 17 novembre, il a exprimé sa gratitude au président Abdelmadjid Tebboune, soulignant que cette décision marque une nouvelle étape majeure dans la coopération entre l’Algérie et la BAD.
Un tournant économique : l’Algérie réouvre l’accès au financement extérieur
La loi de Finances 2025 prévoit un recours progressif au financement extérieur pour soutenir des projets stratégiques. Le premier d’entre eux est la ligne ferroviaire Laghouat–Ghardaïa–El Meniaa (495 km), estimée à 2,8 milliards de dollars.
Ce projet constitue la première phase de la Transsaharienne ferroviaire, un corridor traversant le pays du nord à Tamanrasset puis vers le Niger. Objectif : désenclaver le Sud, renforcer la logistique sahélienne et valoriser les ressources minières du Sahara.
Cette initiative s’intègre dans le programme national d’expansion ferroviaire visant à porter le réseau à 10 000 km en 2030, puis 15 000 km à long terme. L’Algérie ambitionne ainsi de moderniser la logistique, réduire les coûts, renforcer son intégration régionale et développer la transformation locale de ses minerais.
Une stratégie claire : transformer au lieu d’exporter
Le ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, a rappelé la priorité nationale : « Nous ne pouvons plus accepter d’exporter nos matières premières à l’état brut. »
L’Algérie vise donc à augmenter la transformation locale des hydrocarbures de 30 % à 60 % d’ici 2035, soutenue par un programme d’investissement de 60 milliards de dollars entre 2025 et 2029. Les secteurs concernés incluent :
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exploration et raffinage
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pétrochimie
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hydrogène
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industries gazières
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engrais, huiles, pneumatiques
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filières de transformation minière
Un potentiel minier stratégique pour l’Afrique
Le pays dispose d’importantes ressources : fer, zinc, or, terres rares, minerais critiques… Cependant, l’éloignement des gisements sahariens (près de 2 000 km des ports) rend leur exploitation coûteuse.
La future Transsaharienne, permettant le transport de marchandises à 220 km/h, devrait lever ces obstacles et dynamiser l’industrie minière, tout en offrant une nouvelle voie logistique aux pays sahéliens.
Sidi Ould Tah a également rappelé la cohérence de cette ambition avec la vision des Quatre points cardinaux de la BAD :
industrialisation, souveraineté minière, localisation de la valeur ajoutée, montée en capacité africaine.
Il a notamment cité une étude Bloomberg NEF montrant que l’Afrique dispose d’un avantage compétitif dans la fabrication de précurseurs de cathodes pour batteries, avec des coûts inférieurs à ceux des grandes puissances industrielles.
La BAD engagée pour soutenir la transformation algérienne
Le président de la BAD a réaffirmé la disponibilité de l’institution à accompagner l’Algérie dans :
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la transition énergétique
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le développement minier et industriel
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les infrastructures stratégiques
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l’intégration économique régionale
Les ministres Saïd Sayoud et Abdelkader Djellaoui ont d’ailleurs présenté les performances du pays dans les grands chantiers d’infrastructures, avec 950 km de voies ferrées construits en 24 mois, entièrement avec une expertise nationale.
Eau, énergie, infrastructures : une ambition multisectorielle
La sécurité hydrique est également un chantier prioritaire. La visite de la station de dessalement Fouka 2 (300 000 m³/jour), mise en service en 2025, illustre l’ampleur de la stratégie nationale. Avec 19 stations opérationnelles et 5 nouvelles en construction, l’Algérie prévoit de couvrir 60 % de ses besoins en eau dessalée d’ici 2030.
Sur le plan énergétique, l’Algérie souhaite partager son expertise en gaz pétrole liquéfié (GPL), qui alimente 75 % des ménages et plusieurs villes du Sud. Cette maîtrise technologique pourrait devenir un modèle africain pour la transition énergétique propre et la réduction de la déforestation.
Lors du Salon KAHRABA 2025, Sidi Ould Tah a également constaté que l’Algérie produit désormais 90 % de ses équipements électriques, de la conception à la turbine.
Un partenaire clé pour l’Afrique
« L’ambition du gouvernement algérien, la qualité de ses projets et sa capacité d’exécution en font un partenaire central pour l’Afrique », a conclu Sidi Ould Tah.
La BAD entend mobiliser ses partenariats et ses instruments financiers pour accompagner cette dynamique de transformation.












